Patrimoine

L’église St Pierre de Champagne ( XIIème Siècle) 

(Classée Monument Historique en 1862)

 

La présence de cette magnifique église romane, l’une des plus belles et des plus grandes du département, incite à penser qu’aux XI ème et XII ème siècle, la paroisse avait une grande importance du fait de l’existence d’un port et d’un bac à traille sur le Rhône. Elle appartenait aux puissants comtes d’Albon, établis de l’autre côté du Rhône car Champagne était une « enclave » du Dauphiné dans le Royaume de France.

C’est là en effet que la route directe de Grenoble au Puy et au Forez traversait le Rhône, sur un axe de pèlerinage  Rome-Compostelle. La structure de l’église avec tribunes et déambulatoires n’est peut-être pas étrangère à la formule des sanctuaires dits des « routes de pèlerinages » comme à la cathédrale du Puy.

L’architecture puissante fait de cet édifice un chef d’œuvre et un joyau de l’art Roman. Ses caractéristiques semblent affirmer qu’elle a été construite ou reconstruite au XII ème siècle, entre 1150 et 1160. Elle fut conçue comme une église forteresse destinée tant dans un but militaire et défensif que religieux. Un prieuré fut alors confié aux moines de l’abbaye de St Chef.

Des campagnes de restauration eurent lieu, le clocher-porche d’entrée de la façade occidentale fut rasé en 1848 pour élargir la route nationale 86 puis une autre restauration fut engagée de 1889 à 1893. L’équilibre et l’harmonie des formes, la sobriété du décor sculpté donne à l’intérieur du sanctuaire une saisissante beauté avec, depuis l’an 2000, un nouveau mobilier liturgique réalisé par l’artiste contemporain Goudji.

Visites guidées par les Frères de la Communauté Religieuse.

 

 

La Pile du Bac à Traille

(Inscrite au titre des Monuments Historiques en 2006)

Le port de Champagne n’est pas mentionné dans les textes avant 1347, mais une transaction de 1255 entre le Dauphin comte d’Albon et le Prieur de Champagne sous-entend son existence. Le port de Champagne se trouvait alors sur une des routes de Rome à Saint-Jacques-de-Compostelle, par les cols alpins du Mont-Cenis et du Mont-Genèvre, et par Notre-Dame du Puy, mais de cette activité passée, il ne reste aujourd’hui, à part l’église de Champagne et les ruines du château d’Albon, que deux toponymes, de part et d’autre du Rhône, « le Port », sur la rive droite, et « Port de Champagne », sur la rive gauche, et un pilier de bac, rive droite, fort bien conservé. Le port de Champagne, par son bac, ne jouait en effet que le rôle actuel d’un pont, et le nom donné au passeur, le «  pontonnier », l’indiquait fort bien. Le port est particulièrement bien placé, à l’endroit où la zone inondable est la plus étroite entre Andance et Serrières (300 m de large environ), en un lieu resserré où le fleuve pris entre deux berges relativement élevées, ne pouvait divaguer comme il le faisait un peu partout alors. Il devait toujours y avoir assez d’eau pour le passage du bac sans risque d’échouage en période d’étiage et, placées comme elles l’étaient, les zones d’embarquement et de débarquement étaient toujours hors d’eau en période de crues normales, ce qui assurait le passage en toutes saisons.

Le bac de Champagne resta propriété du comte archevêque de Vienne jusqu’en 1790, et la paroisse de Champagne s’étendant sur les deux rives du Rhône, ses habitants pouvaient alors utiliser le bac gratuitement. « Il faut rappeler que la partie Est du territoire de Champagne, située sur la rive gauche du Rhône jusqu’à l’actuelle route nationale 7 avait été rattachée à la commune d’Albon en 1791. Le contrôle du bon fonctionnement du bac était confié à la municipalité. Le passage du Rhône était desservi, en 1816 par un grand bac ayant une longueur de 14 m, et une largeur de 3,60 m, garni d’un gouvernail et d’une rame de réserve et pouvant contenir 60 individus. La traille fût élevée à 8 m et demi au-dessus du fleuve, et deux mariniers assuraient le service pendant le temps des hautes eaux.

Ce fut un accident qui mit fin à l’existence du bac de Champagne : le 24 août 1896, le remorqueur « le Pilat » oublia de baisser sa cheminée au passage du bac et, par suite au choc de cette dernière contre la traille, renversa le pilier de la rive gauche qui se brisa en plusieurs morceaux.

Reste aujourd’hui, le pilier de la rive droite, construit en pierre, qui traversa les années et qui fait partie, maintenant, de notre patrimoine… Seul témoin d’un passé historique !